Le salon du Bourget 2009 qui se tiendra à partir du 15 juin prochain ne sera pas un grand cru pour l'aéronautique mondiale. Frappées par la crise, les compagnies aériennes peinent à remplir leurs avions alors qu'elles avaient commandé massivement des flottes entières d'appareils à Airbus et à Boeing (lire ci-dessous). Conséquence immédiate : elles reportent ou annulent des commandes. Hier, la compagnie australienne Qantas qui a commandé vingt A380 a annoncé avoir demandé un report de livraison portant sur quatre superjumbos et douze Boeing 737. La compagnie supprimera aussi 1 750 emplois pour faire face à la crise.

Au siège d'Airbus à Blagnac on confirme l'information en relativisant : « Nous avons bien pris en compte cette demande et continuons à aider nos clients à passer la crise actuelle en trouvant les meilleures solutions » précisait hier une porte-parole. En revanche, la durée du report reste confidentielle et « du ressort des relations commerciales avec Qantas » confie-t-on chez Airbus. Même si l'A380 affiche toujours un carnet de commandes de 200 appareils auprès de seize compagnies, cette nouvelle commence à faire douter chez les salariés. « Ce n'est pas la première fois qu'un client reporte une commande cette année. Faudrait pas que ça devienne une habitude sinon on finira par le sentir dans le rythme de production » confie un Airbusien. En effet Air France a déjà annoncé le report de livraison de deux A380 alors que le mois dernier Emirates, le plus gros client de l'A380 avec 58 commandes, aurait discuté de retarder la livraison de plusieurs très gros porteurs.

Même Louis Gallois, patron d'EADS, avait déclaré qu'Airbus était « plus sous pression concernant les reports de commandes » lors de la présentation des résultats annuels du groupe. Au-delà des reports, ce sont les annulations que craint le plus Airbus. Pas question d'avoir des avions neufs stockés sur les taxiways sans client. Mais il est loin le temps des « queues blanches », ces appareils invendus qu'Airbus parquait au début de son histoire.

Pour l'instant, le carnet de commandes n'est pas brillant : seulement huit commandes nettes (22 ventes et 14 annulations). Boeing fait encore moins bien avec 32 annulations pour 28 commandes